Les ingénieurs militaires

De nombreux ingénieurs militaires ont participé à la construction, aux démantèlements et à la reconstruction de la citadelle de Tournai.  Vauban, Deshoulière, Mesgrigny, Cormontaigne, Erpenbeek, Engelen, Cocheteux sont les noms les plus connus.

Vauban

Vauban – biographie

Vauban est à la base d’un système de fortifications qui le rendra célèbre. Reprenant au départ le dispositif adapté dans les ouvrages de Pagan, il perfectionnera les fortifications bastionnées née au XVe siècle en Italie. Son art sera surtout d’utiliser au mieux les possibilités offertes par le terrain.

Ville assiégée par Vauban, ville prise avait-on coutume de dire à l’époque. Cet adage illustre bien ses compétences et sa réputation. Il excellait aussi bien dans la prise que dans la défense des places fortes (la poliorcetique).

Né à Saint-Léger (Yonne), Sébastien Le Prestre fut baptisé le 15 mai 1633. Il est issu d’une famille de petite noblesse. En 1651 il est engagé comme cadet dans l’armée de Condé alors en pleine révolte contre l’autorité de Mazarin et du Roi. En 1653, il est fait prisonnier par les troupes royales « à ses conditions » dictées en tenant en joue le chef de ses adversaires. Convaincu par Mazarin, il passera au service du Roi, service qui durera plus de cinquante années de fidélité et de dévouement à Louis XIV.

Reçu ingénieur en 1655, lieutenant puis capitaine, il montrera la pleine mesure de son talent lors de la « guerre de dévolution » en 1667-1668. Son projet pour la citadelle de Lille l’emportera contre celui du chevalier de Clerville pourtant Directeur des fortifications. Dès 1668, Vauban en exerça la fonction et endossa la responsabilité de l’ensemble des places françaises.

Apprécié de Colbert, bénéficiant de l’appui de Louvois, Louis XIV sut se montrer généreux. Les gratifications exceptionnelles permirent à Vauban d’acheter en 1675 le château de Bazoches dans l’élection de Vézelay.

Décoré de la croix de Saint-Louis en 1693, nommé brigadier d’infanterie en 1674, maréchal de camp en 1676 et lieutenant général en 1688, il attendit – et en souffrit – 1703 et l’âge de 70 ans pour obtenir enfin le bâton de Maréchal de France. En 1705, la Croix du Saint-Esprit fut sa dernière récompense. Vauban mourut à son domicile parisien, le 30 mars 1707. Il avait 74 ans.

Vauban, ingénieur du roi, Maréchal de France

Le château de Bazoches

Deshoulières

Guillaume de Lafon de Boisguérin, né en 1621, décédé en 1693.

Il entre en service comme Officier d’Infanterie en 1642.  Habile Ingénieur, il s’est acquis l’estime du Duc d’Enghien, futur Prince de Condé.  Il suit celui-ci dans ses campagnes.  Il l’accompagne en Flandre et se retrouve à ses côtés au service des Espagnols.  En 1657, son épouse qui l’avait rejoint, est emprisonnée pour avoir osé réclamer le paiement des appointements de son mari, à l’autorité espagnole.  Il la libère par la ruse et rejoint la France où il profite d’une amnistie accordée par le Roi , Louis XIV.

Il reçoit alors le grade de Maréchal de Bataille et le gouvernement de Cette (Sète) en Languedoc.  Expérimenté dans le Génie, il s’attache principalement à ce service et reçoit l’ordre, le 23 mai 1664, d’accompagner le Duc de Beaufort en expédition.  Son mérite est reconnu grâce aux plans qu’il envoie à la Cour.  Il rejoint ensuite la Flandre à la demande de Vauban.  Il y rend de grands services pendant la campagne de 1667 et reçoit la direction des fortifications de Tournai.  Il est chargé d’y construire une citadelle avec Jean de Mesgrigny.  Son dévouement lui permet d’obtenir, le 24 décembre 1668, la Lieutenance du Roi de la ville et de la citadelle de Doullens.  Il est aussi nommé Aide-de-camp du Roi pendant plusieurs campagnes.  Il est ensuite Intendant des ouvrages du Fort-Louis et de Belle-Isle.  En 1671, il est à Bayonne et est employé aux fortifications de Guyenne pendant une dizaine d’années.  Il est ensuite à nouveau employé dans les villes de Flandres.

Il meurt ruiné, tous ses biens ayant été saisis lors de son long séjour en Belgique.

Jean de Mesgrigny

« S’il est mémoire que Tournai devrait particulièrement honorer, c’est bien celle de ce bâtisseur et de ce défenseur ». (Paul Roland)« 

Jean IX, comte de Mesgrigny, est issu d’une famille célèbre en Champagne depuis le XIIIe siècle. Il est né à Troyes le 19 octobre 1631 et  décède à Tournai le 20 octobre 1720.
Entré au service du roi en 1651, il rejoint le régiment de Navarre avec le grade d’ingénieur. En 1664, il sert en Afrique aux côté de Deshoulières sous le commandement du Chevallier de Clerville, commissaire-général des fortifications de France. En 1665, il est nommé major au régiment de Navarre. En 1667, il prend part à la 
guerre de dévolution avec le régiment de Navarre et participe à la direction des travaux du génie. C’est probablement à Tournai qu’il rencontre Vauban. Une profonde amitié va naître entre les deux hommes. Le 15 août 1668, il reçoit la lieutenance de roi à Tournai. Son ascension est rapide. Nommé directeurs des fortifications de Flandre et de Hainaut en 1668, il crée en 1673 une compagnie franche de sapeurs formés à la guerre des sièges, plus particulièrement à la guerre souterraine, la construction et l’entretien de galeries. Il est l’auteur et le réalisateur du réseau de contre-mines qui sillonna le sous-sol de la citadelle de Tournai. Il en est nommé gouverneur le 4 janvier 1678. De 1682 à 1696, Louvois crée une des premières écoles d’officiers basée dans la citadelle de Tournai : Les Cadets Gentilshommes. Mesgrigny est le capitaine jusqu’à la dissolution. Il prend part à de nombreux sièges (Namur en 1692, Furnes en 1693,…). Nommé chevalier de l’Ordre de Saint-Louis en 1694 et commandeur le 20 septembre 1695, il est ensuite promu lieutenant-général des armées du roi le 8 octobre.

En 1709, lors du siège du Tournai, c’est un vieillard âgé de 78 ans et perclus de goutte qui défend courageusement la ville et surtout sa citadelle. La guerre souterraine menée par ses sapeurs fait des ravages et dépend la terreur chez les attaquants. Finalement, les dernières réserve épuisée, il obtient une capitulation honorable le 3 septembre 1709. Pris en otage par les alliés pendant plusieurs années dans l’attente du paiement d’une rançon par la France, il meurt dans un immeuble appartenant à la famille de son épouse, rue Saint-Piat à Tournai. Il est inhumés à Anvaing avec son épouse décédée quelques semaine plus tôt.

D’après ROUSSEAU G, Jean de Mesgrigny, trait d’union entre Troyes, Tournai et Mouchin, Ed. Fondation de Pévèle, Mouchin, 2017.

Les ingénieurs hollandais

CAPITAINE ERPENBEEK Laurens

Né le 16 juillet 1782 et décédé à GRAVE (NL) le 24 décembre 1854.

Il se voit confier la tâche de reconstruire la citadelle de TOURNAI.  Ces projets s’écartant trop des directives reçues et il est muté vers un autre poste.

CAPITAINE ENGELEN Henricus

Né le 18 décembre 1783 et décédé à BREDA (NL) le 13 décembre 1840.

Il relève le Capitaine Erpenbeek et dirige la reconstruction de la citadelle.  Il tient un relevé des expropriations effectuées pour récupérer les terrains nécessaires aux travaux et en tient la comptabilité.