Tournai
La Renaissance
Henri VIII et Christine de Lalaing
En septembre 1513, les troupes de Maximilien d’Autriche et d’Henri VIII mettent le siège devant Tournai, alors considérée comme clef du royaume de France. Après 13 jours de siège, la supériorité de l’artillerie anglaise oblige les tournaisiens à accepter les conditions d’Henri VIII. Tournai deviendra ainsi la seule ville belge a avoir été anglaise.
En dépit de l’attitude libérale témoignée au début, la population se lasse très vite du nouveau régime. Après quelques mois, la résistance d’abord passive devient sournoise. L’occupant ne se sent plus en sécurité. Dans les tavernes et les mauvais lieux des soldats anglais disparaissent dans les citernes ou flottent dans l’Escaut au fil de l’eau.
Le gouverneur décide alors de créer une « citadelle » dans la ville d’où celle-ci sera tenue en respect. Le quartier du Bruille (Saint-Nicolas) sera isolé par des remparts et, en janvier 1518, la garnison anglaise s’y installera.
Treize mois plus tard, le 9 février 1519, les troupes de François 1er entrent dans la ville à la suite d’un accord diplomatique.
En 1521, les troupes de Charles Quint assiègent la ville plusieurs mois. Devant l’impossibilité d’obtenir des secours du roi de France, les clefs de la ville seront remises à l’assaillant le 3 décembre, après une résistance opiniâtre.
La propagation de la Réforme et le déclin économique de la ville font naître et entretenir dans la cité un climat d’émeute et, en corollaire, de répressions. Après divers autres, Pierre de Melun en est nommé gouverneur en 1579 et tente d’y instaurer une certaine tolérance. Mais nommé général des troupes des Etats Généraux, il doit quitter Tournai dont il emmène la majorité de la garnison. Le moment est choisi par l’Espagne pour reconquérir la ville rebelle ; Alexandre Farnèse y met le siège le 05 octobre 1581. Figure emblématique et épouse de Pierre de Melun, Christine de Lalaing devient l’âme de la résistance. Malgré des fortifications obsolètes et le nombre restreint des défenseurs, la ville ne se rend que le 1er décembre.
Maquette du château, musée du Folklore
La tour Henri VIII
Vestige d’un boulevard d’artillerie, Jardin de la Reine
Chrisine de Lalaing, princesse d’Espinoy
XVII et XVIIIe siecle
De la guerre de dévolution à la bataille de Jemappes
Le 17 septembre 1665, Philippe IV de Habsbourg, roi d’Espagne, meurt à Madrid. Le fils de sa seconde femme, Charles II, lui succède. Il n’a que quatre ans, est souffreteux, ne boit que du lait. Or l’épouse de Louis XIV, Marie-Thérèse, n’était autre que la fille née du premier mariage du roi défunt ; mais elle avait renoncé, lors de ses épousailles, à tous droits sur la succession d’Espagne et ce, moyennant quelques compensations, telle une dot de 500.000 écus d’or.
Cette somme non versée dans les délais, mais surtout les ambitions du jeune Louis XIV, amène celui-ci à revendiquer divers territoires, notamment les Flandres, ce que l’Espagne refuse. Les juristes du roi de France déterrent alors une vieille coutume du Brabant et de quelques provinces des Pays-Bas qui déclare « dévolus » aux enfants du premier mariage les biens du père s’il se remarie. Ce fut le cas de Philippe IV. La guerre de dévolution est inévitable. Ce fut, pour les puissantes armées françaises, une promenade militaire.
Lorsqu’il se présente à Tournai, le 21 juin 1667, Louis XIV s’est déjà, en quelques semaines, rendu maître de Berghes, Courtrai, Dixmude, Armentières, Charleroi, Ath. Tournai ne fera pas exception, ses murs sont en piteux états et ses troupes bien maigres. Le 25 juin, le dernier bastion, le Château, se rend. Ils continuent ensuite leur campagne vers Douai. Le 31 juillet, un mois seulement après la conquête de la ville, le premier traité entérinant la construction d’une citadelle est signé. Le 24 avril 1674, la citadelle de Tournai est terminée. Les ouvrages à cornes renforçant les fortifications de la cité seront terminés vers 1690. Tournai fit partie des places de première ligne du pré carré de Vauban.
La caserne des Sept Fontaines
L’ancien hôpital de Marvis
Vestige des casernes Saint Jean
XIXe siècle
La chute de Napoléon et la période hollandaise
Il faudra attendre la chute de Napoléon en 1814 pour que les anglais qui occupent la ville commencent la remise en état des fortifications tournaisiennes. Wellington entend créer une ligne de défense orientée contre la France.
Rapidement, la ville comme la Belgique passent sous contrôle hollandais. Après plusieurs études menées par les capitaines Erpenbeek et Engelen, les fortifications sont modernisées et une nouvelle citadelle est construite sur l’emplacement de l’ancienne. Le plan général est maintenu, les hollandais se contentent de reconstruire les deux fronts face à la ville et rasent les bâtiments français qui subsistaient encore…
Cette nouvelle construction provoquera de nombreuses expropriations afin de libérer les terrains de la citadelle et de recréer son esplanade. Les travaux commencés en 1816 se termineront en 1822. La citadelle est donc à peine terminée lorsque la révolution belge chasse les Hollandais du pays.
Le maintien des fortifications est coûteux pour le jeune état et comme celles-ci n’ont plus de raison d’être, la décision sera prise de les raser en 1863. En effet, la France est une nation amie qui aide la Belgique et la politique de défense du territoire s’oriente autour du réduit national d’Anvers.
En 1869, le génie belge expérimente la dynamite, un nouvel explosif provenant de Suède. En 1875, une convention est signée entre l’état et la ville. Celle-ci consacre la destruction de ce qui reste de l’enceinte de la Citadelle. Les bâtiments centraux devenant la caserne d’infanterie qui, plus tard, donnera naissance au quartier Général Baron Ruquoy.
Tournai débarrassée de sa ceinture de pierres prend peu à peu son visage actuel.
Démolition du bastion 4 de la citadelle – Porte principale de l’ancienne citadelle – Vestige du corps de garde blindé
Le quartier Saint-Jean
Monument aux morts des 3 et 6 chasseurs à pieds
Ancien hôpital militaire De Bongnies
XXe siècle
Tournai prend son visage actuel
De 1890 à 1913, les casernes Saint-Jean et Ruquoy seront modernisées et un hôpital militaire (hôpital militaire De Bongnie) sera construit vers 1910.
Ce dernier siècle n’épargnera pas la ville qui connaîtra les combats de 1914 et les bombardements allemands de 1940 et américains de 1943 à 1944 :
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Le 24 août 1914 marquera la ville par le souvenir encore vivace des soldats Vendéens. Ces régiments de la garde territoriale vendéenne, détournés de leur destination première, combattront l’avancée allemande dans les faubourgs de Morel. Nombre d’entre-eux perdront la vie lors de ces cruels combats.
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Les bombardements allemands de 1940 réduiront en cendres le centre ville et nombres de ses trésors et archives. La Cathédrale Notre-Dame et le beffroi seront miraculeusement épargnés. Les bombardements américains, anéantirons le quartier de la gare afin de bloquer la circulation des troupes et du ravitaillement allemand.